don'tcrynomore.

“ baby, i'm so lonely „

Des mots sur du papier. De l'encre qui se perd sur cette page couverte de phrases et rimes. Elle avait été vierge et désormais, il n'étais quasiment plus possible d'en voir la couleur originelle. Impossible de déchiffrer ce qui y figurait. C'était simplement des mots, sur des mots. De l'encre sur de l'encre. Des ratures sur des ratures. Cette feuille était posée sur un bureau. Et à son côté, on pouvait apercevoir une chevelure blonde, tombant doucement sur le bois fin. La propriétaire de ces écrits semblait paisible, la tête posée sur son bras, regardant son style tournoyer entre ses doigts fins. Elle avait ses amandes fixées sur le mouvement régulier de l'objet, synonyme du temps qui passait. Et il passait si lentement, ce temps … Elle était seule avec ses pensées brouillonnes. Aucune n'avait un sens, aucune ne valait réellement la peine d'être analysées. La jeune femme affalée sur ce bureau était vide. D'idées. D'inspiration. Tout s'emmêlait et se ressemblait, comme si elle n'arrivait pas à se créer plusieurs univers, ou scénarios. Tout était figé dans la même réflexion.

Puis, brusquement, sans que même elle ne comprenne, elle envoya s'écraser contre le bois, le stylo qui virevoltait sans but. Celui-ci roula lentement pour venir terminer sa course au sol. Là où la jeune femme ne le récupérerait certainement pas, à moins qu'elle ne décide de se lever. Et elle n'en avait absolument pas l'envie, ni même la motivation. A quoi bon ? Ces trois mots résonnèrent dans sa tête. Elle n'écrirait plus pour aujourd'hui, elle en était certaine. A quoi bon ? Elle repensa, soudain, à sa vie, aux erreurs qu'elle avait pu commettre, ce par quoi elle était passée. Elle repensa à sa famille, désormais détruite par la querelle. A lui, Il Hoon. Il en était l'origine. Alexsey, c'était son nom, n'avait jamais eu la force de partir. Même pas après ce qu'il avait fait. S'envoyer en l'air avec Riley, sa propre sœur. Chaque fois qu'elle se souvenait, elle revoyait le visage victorieux de son aînée. Et le dégoût qu'elle avait pu ressentir à ce moment-là. A quoi bon s'en aller ? Maintenant, il était bien trop tard. Elle l'aimait trop, à en mourir. Et elle le laissait lui piétiner le cœur avec toutes ces autres filles, ces autres garçons. Néanmoins, sans lui, elle ne serait pas la fille populaire qu'elle est aujourd'hui. Elle n'aurait pas gravi tous ces échelons. Mais cette célébrité, au prix de sa fierté, de son amour … Que valait-elle ? Si peu. Mais sa reconnaissance était énorme.

Et puis, nous ne pouvons aller contre nos sentiments les plus chers et les plus sincères. Ils finissent toujours par remonter à la surface lorsque l'on tente vainement de les noyer sous une eau remplie de désespoir et d'impuissance. Ils nous suivent, nous traqueraient presque. Ils sont comme ces souvenirs, ceux que l'on ne pourra jamais oublier, toujours inscrits quelque part en nous, surgissant quand nous nous y attendons le moins. Une chanson, une photographie, un film à la télévision. Et c'est le drame. Ils nous attrapent, puis nous sommes ceux qui coulons. Les textes d'Alexsey étaient parsemés de ces sentiments qu'elle avait pour et à cause d'Il Hoon. Elle grattait sa peine sur le papier. Sa douleur. Et ce jour-là n'échappait certainement pas à la règle. Elle était fatiguée. Elle l'attendait. Où était-il ? Elle n'en savait rien. Plus rien depuis bien longtemps désormais. Et elle avait arrêté de vouloir savoir, parce que c'était encore plus de souffrance. Bien sûr, ils partageaient de bons moments, tous les deux, comme dans tout bon couple. Mais avaient-ils tous l'air si fades au chevet des mauvais ?

La jeune blonde s'adossa à son siège, attrapant, au passage, le paquet de cigarettes couché sur le bureau, incrusté de ces caractères disant que fumer, c'était mal, bête et méchant. Elle s'en fichait bien. Et puis, elle ne pouvait pas s'en passer, c'était devenu un acte naturel. Fumer la détendait quand elle n'avait plus rien à quoi se raccrocher après ses dures chutes. Une bouffée. Puis deux, et trois. S'en suivirent les autres et tout allait définitivement mieux. Alexsey était relevée de tout stress, de toute tension qui pesait sur ses fines épaules. Son regard se perdit dans la pièce. Elle la contemplait, comme sous un nouveau jour. Comme la première fois qu'elle l'avait vu. Elle se souvenait. Elle avait cherché longuement un toit avec Il Hoon. Ils n'étaient jamais d'accord. Elle voulait un appartement simple. Il voulait une maison pour y faire des folies. Mais ils avaient finalement trouvé un terrain d'entente et avaient emménagé dans ce duplex en plein Gangnam. Un quartier plutôt coté, proche du lieu de travail de la jeune fille. Il avait les allures d'une maison, puisqu'il était doté de deux étages, le principe du duplex, mais il avait tout du petit appartement que désirait la blonde, ni trop grand, ni trop petit. C'était un bon souvenir, celui-là. Un rictus se forma alors sur les lèvres d'Alexsey. Elle souriait. Elle aurait voulu une vie parfaite, comme Jude, par exemple. Une relation stable, un enfant. Mais elle n'avait que ce qu'elle pouvait réellement avoir. Des hauts et des bas, et la petite sœur d'Il Hoon en guise de fille. Ji Eun. Elle leur en avait fait voir de toutes les couleurs, mais elle s'occupait d'elle comme sa propre petite sœur. Comme elle s'était toujours occupée de Shaul. A la différence qu'elle voulait que Shaul vive un conte de fée, alors qu'elle désirait simplement ne plus retrouver Ji Eun au poste de police. Sa vie lui plaisait-elle ? Pas forcément, mais elle ne voulait pas l'échanger pour quoi que ce soit de plus cher. Jamais elle n'avait désiré une autre famille, un autre emploi, un autre garçon.

En parlant d'Il Hoon, Alexsey entendit la porte s'ouvrir alors qu'elle écrasait son mégot de cigarette dans le cendrier à son côté. Le jeune excentrique devait être de retour d'on ne savait où. A moins que ce ne soit Ji Eun. Mais c'était plutôt rare qu'elle n'apparaisse si tôt. Alors c'était sûrement lui, quoi que pour lui non plus, ce n'était pas fréquent. Et lorsque la blonde se décida à se lever pour aller saluer le nouvel arrivant, celui-ci ouvrit la porte du bureau. Savait-il qu'elle était dans cette pièce à cet instant ou voulait-il simplement faire quelque chose à l'intérieur ? Elle ne se posait pas la question. Ses yeux rencontrèrent directement le visage de sa « moitié », scrutant chaque petit détails de sa peau. Dans un sens, elle était forcément inquiète de ce qu'il avait pu faire sans elle. Même si elle ne voulait pas savoir, elle s'en rongeait les ongles de se dire que, peut-être, il avait fait un nouveau faux pas. L'anxiété. « Il Hoon … Ca fait bizarre de te voir à la maison à cette heure. » lui dit-elle avant de le rejoindre et de l'embrasser en guise de salutations.