morning fantasy.

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tenue.

Yoo Nam laisse échapper un bâillement entre ses lèvres, qu'il étouffe rapidement avec la paume de sa main. Il s'appuie sur son coude pour s'aider à se relever. Ses yeux sont encore un peu collés, il a dormi profondément et il a même failli ne pas entendre son réveil. La radio est toujours en marche. Les présentateurs énoncent les informations du jour, d'une voix monotone et lente, qui lui donne juste envie de s'enfouir dans sa couverture chaude et de sombrer à nouveau dans ses rêves. Mais il doit aller travailler. Qui gagnerait de l'argent sinon lui ? Joshua ? Ha. Hahaha. Sûrement pas. Pas pour aider à payer le loyer en tout cas. Il secoue lentement sa tête pour chasser cette idée de son esprit encore ensommeillé. Joshua est gentil. Il paie souvent pour les courses, il n'est pas radin du tout. Joshua est son meilleur ami, en même temps, c'est normal que--

Son coeur semble s'arrêter pendant quelques secondes quand ces deux mots traversent ses pensées. Meilleur ami. Meilleur. Ami. Il mordille sa lèvre, se dégage de la couverture qui le réchauffe beaucoup trop à présent, et pose ses pieds nus sur le plancher froid. Un frisson parcourt son corps, mais il se doute bien que c'est n'est pas à cause de la fraîcheur du sol. Le visage de son meilleur. ami. hante toujours son esprit. Il se lève d'un coup. Il est énervé, déjà si tôt le matin. Le grésillement de la radio, les voix endormantes, plus son coeur qui bat une fois de plus pour quelqu'un envers qui il ne devrait avoir aucun sentiment... La journée commence bien.

Il sort de sa chambre, doucement. Connaissant Joshua, il dort, et il dormira probablement encore quand Yoo Nam reviendra à l'appartement, dans neuf heures. Il retient sa respiration en passant devant la porte de sa chambre et, une fois dans la petite cuisine de leur colocation, il se permet de respirer. Il ne sait même pas pourquoi il s'interdit de faire ça. Sûrement une habitude. Un soupir traverse ses lèvres encore un peu sèches alors qu'il ouvre le frigo. Il serait temps d'aller au supermarché. Boh, il le fera plus tard. C'est ce qu'il se dit chaque jour depuis une semaine, et bizarrement, ce coffre au trésor qu'est le frigidaire semble se remplir tout seul. Non. Bien sûr que les courses ne se font pas sans aide. Quelqu'un est derrière tout ça. Joshua... Un sourire se dessine sur son visage encore tellement endormi, pendant qu'une vague de chaleur s'empare de sa poitrine, sans qu'il n'ait le temps de se rendre compte de ce qu'il lui arrive une nouvelle fois, sans qu'il n'ait le temps d'arrêter cette réaction inappropriée. Une fois qu'il réalise sa faute, il fronce les sourcils, empoigne la bouteille de lait dans la porte du frigo qu'il claque violemment, avant de s'en vouloir d'avoir fait du bruit. Joshua pourrait s'être réveillé à cause de lui...

Il prend ses céréales préférées, qui traînent encore de la veille près de la cuisinière, et s'empare d'une cuillère et d'un bol. Il s'assied, se sert une grande portion de petit-déjeûner, et fixe ensuite sa nourriture d'un regard vide. Yoo Nam n'a pas faim.

Il se force quand même à porter une petite portion à sa bouche. Il mâche lentement, sans énergie, écoutant distraitement le son des céréales qui croustillent au contact de ses dents. Il pense. Il se déteste vraiment, ces temps-ci. Non, en fait, il se déteste depuis le jour où il a accepté de s'occuper de ce Rhee Joshnul à la place de cette infirmière qui devait quitter l'hôpital plus tôt que prévu. Tss. La pire erreur de sa vie. Dès qu'il avait posé le pied dans la chambre de ce mec, et qu'il avait entendu sa voix grave, et regardé ses grands yeux, et observé son sourire, et qu'il avait remarqué toutes les sensations que ce garçon lui procurait, sa vie tranquille était terminée. Joshua... Il aurait tout fait pour son meilleur ami. Car oui, il est son meilleur ami, et rien d'autre n'est-ce-pas ? C'est tellement mal de ressentir ce genre de choses pour une personne, surtout quand Yoo Nam sait parfaitement qu'il ne pourrait jamais quitter cette 'friend zone' qui l'emprisonne et l'empêche d'aller plus loin. Il est trop timide, de tout façon. Et il ne veut pas perdre son meilleur ami. L'admirer en secret, c'est mieux que de cesser de le voir, non ? Oui. Définitivement.

Il jette un regard vers la boîte de céréales préférées de Joshua. Peut-être sera-t-il content si Yoo Nam lui prépare un petit déj' au lit ? Il lui prépare un bol. Hop. Pendant qu'il marche lentement, hésitant, vers la chambre de son meilleur-ami-et-rien-que-ça, il réfléchit. Peut-être... Peut-être que Joshua, quand il verra ça, lui adressera un de ces sourires qui fait totalement fondre son coeur et tout ce qui peut être fondu en lui. Il se lèvera de son lit, et il sera torse nu parce que le torse de son colocataire est tellement beau et parfait et sexy et-- Il s'approchera de lui, posera ses grandes mains chaudes et réconfortantes sur ses joues.. Il murmurera un vague 'merci, Yoo Nam..' de sa voix si profonde puis approchera son visage du sien avec lenteur, un peu hésitant, mais d'une manière mignonne, et sexy à la fois, bref, une manière Joshuenne. Et là, il posera doucement ses lèvres sur les siennes et Yoo Nam se sent exploser de l'intérieur quand il est encore devant la porte fermée de la chambre de son imbécile de colocataire. Il déglutit. Si ça se trouve, ça va vraiment se passer. Il va vraiment embrasser Rhee Jos--

On arrête de rêver. Tout de suite. Il cligne des yeux plusieurs fois, puis frappe deux petits coups timides à la porte. Il attend quelques secondes. Pas de réponse. Il refrappe deux coups. Et toujours rien. Oh. Peut-être que Yoo Nam surprend Joshua en plein-- en plein travail personnel. Avec sa main droite. Bref. Tout le monde a compris. Rien que l'idée de voir Joshua faire ça, donne des frissons de plaisir au pauvre petit Ahn qui n'a jamais rien demandé de tout ça. Son imagination s'emporte. Mais peut-être qu'il le dérange vraiment... Et s'il ouvrait discrètement la porte ? Hein ? Pourquoi pas... C.. Ca pourrait se faire passer pour un accident, n'est-ce pas ?

Tum Tumb. Son coeur bat de plus en plus vite pendant qu'il porte sa main à la poignée de la porte.

Tum Tumb. Peut-être qu'il ne veut pas rentrer, en fait.

Tum Tumb. Il ne veut pas rentrer alors pourquoi sa main tourne-t-elle la poignée toute seule ? Sans son accord ?

Tum Tumb. Ca y est. La porte est ouverte. Yoo Nam a les yeux fermés. Il n'ose pas voir la réaction de Joshua. Il va être énervé, il n'aime pas qu'on le dérange, il va le détest--

Rrrrr.. Zzzzzzz.

Quoi.

Yoo Nam regarde la chambre. En désordre, comme d'habitude. Dans le lit, Joshua, étendu, qui ronfle bruyamment. Un petit filet de salive coule le long de son menton. Tellement sexy. Tellement. Haha. Il reste sur le seuil de la porte, un peu gêné d'avoir imaginé toute une scène dans sa tête. Le bol de céréales est toujours dans sa main. Le jeune infirmier commence à parler tout seul.

"Euhm. Joshee. Je- Je vais bientôt partir au boulot. Je t'ai préparé des céréales, pour.. pour.."

-pour que tu puisses m'embrasser d'une manière tellement inoubliable que je m'en rappellerai même dans mes dix prochaines vies-

".. pour rien. Je te les laisse ici."

Il pose le bol sur le sol. Il a l'air d'un idiot. Tellement. Seigneur. Il voudrait se frapper. Tellement. TELLEMENT.

Spoiler:

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tenue de l'énergumène.
oui, ouiiiiii. il dort habillé, lui. ahem. *tousse.*
excepté la coupe, d'ailleurs. c'est plutôt ça quoi.

Et pourtant, la soirée c'était si bien passée. C'était quoi cette bande de lâches, ils n'étaient même pas capable de me ramener chez moi la nuit, par un temps d'hiver pareil et ça osait encore se prétendre être mes chers et tendres amis ? Non, mais sérieusement,si la soirée c'était bien déroulée, c'était en grande partie grâce à moi. J'avais juste encore été trop con de payer la tournée pour les quelques gens qui m'accompagnaient et ils m'ont bien puni par derrière. La prochaine fois, j'donne plus un rond à ses charognards de vautours, ça j'peux vous l'assurer ! C'était donc comme ça que je devais me taper la grande marche nocturne, un peu comme une visite touristique ... Sans les touristes, puisque je connaissais cette endroit comme ma poche. Je ne cessais d'éternuer, il faisait décidément froid dans ce pays et si vous saviez à quel point j'avais les jambes en compotes ! Une fois rentré à la maison, en veillant à faire le moins de bruit possible car mon colocataire - et accessoirement meilleur ami et bonne à tout faire - travaillait forcément tôt et tard le lendemain. Autant le laisser dormir, je n'étais pas égoïste à ce point, non ? Remarque, j'étais tellement fatigué que je m'étais laissé tombé comme un piquet sur mon lit sans même prendre la peine de me déshabiller. La chaleur de la pièce m'avait complètement achevé et j'étais tombé la tête la première dans les bras de Morphée.

Oh, un arbre. C'était beau les arbres, non ? Enfin, dans les rêves en tout cas, c'est toujours beau, on les regarde avec tant de passion dans les yeux, c'était émouvant. Et puis il y avait des silhouettes, des tas de silhouettes. Ne me demandez pas qui était qui, je ne savais pas vraiment qui m'entourais, leurs visages étaient flous. Je m'adossais à ce bel arbre et les pétales commençaient à tomber, la brise secouant mes cheveux. Quel rêve de fous, ça ne me ressemblait vraiment pas. Et puis il y avait cette personne, elle ne bougeait pas; elle semblait rester immobile à me regarder de ce que je pouvais en voir, c'était un garçon, assez petit et brun de cheveux. Les autres ne tenaient pas en places, couraient, criaient, marchaient et ce n'était jamais les même. Mais lui, il était là, juste là, planté devant moi, à me regarder de loin, puis il. --- Un frisson parcouru mon échine, ce n'était que le froid que j'avais ressenti et une petite douleur au niveau de l'épaule : j'étais mal positionné et hors des couvertures. À moitié somnolant, je tirais sur la couette et m'installais plus confortablement en soupirant avant de retomber dans les bras de Morphée. Qui était ce jeune homme, j'essayais de reprendre mon rêve là où il s'était arrêté. Seulement, c'est toujours quand on rêve bien que celui-ci ne se décide pas à remontrer le bout de son joli nez. Non, mais ça, bien sûr : on ne s'en doutait jamais une seconde, il y avait toujours cette sensation d'espérance, comme si on y croyait dur comme fer que de retomber dans ce bon rêve.

Ce ne fut pas mon cas, le deuxième rêve fût beaucoup moins charmant. Mais il y avait encore cette silhouette. Non, il y en avait deux. Un blondinet, assez grand et encore une fois ce petit brun. Je semblais chercher des réponses à des questions que je ne connaissais même pas. Je semblait hésiter à aller vers l'un où l'autre. Je me rendais vite compte que l'un d'entre eux n'était autre qu'Han Damon, ce garçon à qui j'avais rendu visite il y avait peu de temps. C'était étrange qu'il soit là, mais mes yeux semblaient se porter sur l'autre personne, c'était étrange que je ne puisses voir son visage une seule seconde, il me semblait si étranger et pourtant si familier. Mon coeur battait la chamade, et j'avais chaud. Si chaud que je semblais étouffer dans ma propre respiration. C'était d'ailleurs tellement comme si mon corps s'embrasait dans l'instant si jamais l'un d'eux s'approchait avec une flamme : un peu comme une bombe à retardement, devrais-je dire. Un sourire pâle se dessinait cependant lorsque mes pas commencèrent à aller vers le jeune garçon brun et que je m'éloignais du blond. Mes sensations de brûlures semblaient s'apaiser au fur et à mesure que je m'éloignais de Damon. Décidément, c'était quoi au juste ce rêve.

Et au moment où j'allais enfin voir le visage du beau brun, comme un lourd bruit sourd vint claquer dans mes oreilles, dans mon dos. J'étais loin d'imaginer qu'en réalité, c'était la porte du frigidaire qui venait de se plaquer brusquement. Je changeais dans l’inconscient de position et le temps de me retourner, la silhouette n'était plus là. Le rêve semblait s'être stoppé et cela m'arrachait alors un petit gémissement durant mon sommeil, deux petits coups dans la porte m'avais fait redresser une de mes jambes, ainsi qu'un bras que j'avais alors posé à côté de ma tête. « Euhm. Joshee. Je- Je vais bientôt partir au boulot. Je t'ai préparé des céréales, pour... Pour... » Un léger mouvement, j'avais bougé très légèrement. La voix qui résonnait dans mon rêve, je la connaissais parfaitement, mais une raison me poussais étrangement à ne pas la reconnaître... Foutue amnésie... Ou pas. Le grincement de la porte, c'était l'élément déclencheur : je me réveillais alors difficilement. La chaleur était revenue. C'était étrange, tout de même. « ... Pour rien. Je te les laisse ici. » Je relevais alors ma tête, les yeux encore à demi-clos, aveuglé par la faible lumière qui passait par le cadre entrouvert de la porte. Il s'était éloigné et avait posé quelque chose au sol. Je soupirais longuement et je décidais alors de me lever, chose que je faisais rarement... Mais je ne me sentais pas bien, j'avais besoin de prendre l'air.

Mes pieds sur le sol, je me souvenais que j'avais dormi habillé. Rien d'étonnant avec la fin de soirée catastrophique d'hier. Et je m'étonnais d'ailleurs d'avoir retrouvé la maison avec le taux d'alcool que je pouvais avoir dans le sang. Ding Dong. Les cloches me sonnèrent. La gueule de bois, j'avais presque oublié cette sensation intense qu'on pouvait ressentir quand on buvait beaucoup trop de cette substance aphrodisiaque. J'en avais cependant eu besoin pour noyer un peu le chagrin de mon passé nommé Han Damon. Je me redressais et chancelais, je me disais alors bêtement que c'était le coup de l'alcool. J'étais cependant bouillant, le corps complètement en fusion. Je ne m'en inquiétais cependant pas plus que ça. Me tenant au murs, j'essayais de parvenir à sortir de la chambre, me tenant le crâne. Je me penchais alors maladroitement pour attraper le bol, traînant les pieds pour sortir de mon trou. « ... A-Annyeong, Darling ~ T'as bien dormi ? » le taquinais-je alors. Il avait des tas de surnoms et il se devait de les supporter. Le petit brun était son seul ami et --- ... Une minute. Le petit brun ? Mon esprit ne fit qu'un tour, tout comme mon sang, mais je tentais alors de ne rien laisser paraître. Et si c'était lui, le petit mec de mon rêve ?!

Je prenais place à ses côtés dans la cuisine, le regardant vaguement avant de poser le bol sur la table. « T-Tu vas travailler tôt aujourd'hui... » disais-je. Bien sûr, c'était comme ça tout les jours et je le savais bien... Mais j'étais en quelques sortes mal à l'aise. Je devais d'ailleurs avouer qu'on ne passait pas beaucoup de temps ensemble tout les deux, et c'était encore pire ses derniers temps. J'avais des remords, j'avais la sensation de l'abandonner sans pour autant réellement le faire. Il était mon meilleur ami mais il me donnait l'impression d'être plus. C'est vrai, quoi. On vivait ensemble, il travaillait en majorité pour payer le loyer et moi je m'occupait des courses, on dormait et jouait parfois à la console ensemble... Mais plus que tout, il me rendait heureux comme personne d'autre ne savait et ne pourrait le faire. Frottant les yeux, je laissais un moment mon bol pour me redresser. Quelque chose chez lui me gênait : son col de son blouson était mal mis. Je me levais maladroitement et m'approchais alors de celui-ci. J'étais si grand qu'il était un peu obligé de lever les yeux sur mon visage très pâle. Je tendais les mains pour refaire son col. « ... Yah, quand est-ce que tu vas apprendre à bien mettre ce -- ... » disais-je en tendant la main dans ses cheveux comme j'avais l'habitude de faire. Habituellement, je réajustais toujours ses cheveux ou je les ébouriffais justement parce qu'il était trop parfait. Un peu comme un acte romantique pour certains, c'était surtout affectueux.

Mais là, mon corps chancelais et ma jambe gauche eut soudainement une faiblesse. J'étais essoufflé rien qu'à tenir debout et à tenter de faire quoi que ce soit. Je tombais alors plus ou moins sur mon ainé sans avoir la moindre force de me relever, ou d'empêcher cela. Je soufflais dans son cou et m'agrippais à son haut pour tenter de comprendre ce qu'il m'arrivais. « Je suis désolé... Je ne me sens pas bien... » disais-je. En fait, je devais avoir attrapé froid et être fièvreux. C'était impossible de se sentir aussi mal à cause de l'alcool... C'était juste pas possible, j'étais parfaitement lucide, c'était surtout ça qui ne collait pas avec la théorie de l'alcool. Je me sentais nul... Si vous saviez...

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Yoo Nam dépose donc ce foutu bol devant la porte de son meilleur ami et trottine doucement vers la cuisine, essayant de ne pas faire trop de bruit, surtout avec ce parquet débile qui grince dès qu'une plume se pose sur lui. Il se rassied devant ses céréales, qui n'ont pas bougé d'un pouce. Il aurait bien aimé qu'ils disparaissent pour ne pas devoir se forcer à manger, mais ils sont toujours là, flottant dans le lait, parce qu'il y a trop de lait, comme d'habitude, comme chaque matin, il y a trop de lait et ça l'énerve et il sait déjà qu'il oubliera de diminuer la dose le lendemain. Bref. Ahn Yoo Nam, dans toute sa splendeur. Il se mordille distraitement la lèvre et s'assied. Son bol semble le fixer d'une manière tellement sadique qu'il commence à avoir peur. 'Mange moi. Mange moi ou tu auras sept ans de malheur.' Il fronce les sourcils. Pas question de se faire avoir par un foutu récipient qui contient trois fois plus de lait que de bouffe. 'Mange moi ou tous tes rêves seront brisés.' Son rêve de chanteur est déjà oublié, de toute façon, non ? C'est pas un vieux bol qui va lui dicter ce qu'il doit faire comme une maman. Franchement. Dans quel monde vit-on. 'Mange moi ou je ferai du mal à la personne que tu aimes le plus au monde.' Et là, il se raidit tout à coup. Il regarde le bol d'un air méfiant. Le bol ferait du mal à Joshmoche ? Mais... Il secoue sa tête. Impossible ! Ce bol ne parle même pas. ... N'est-ce pas ? Il approche son visage, le front plissé, avec une expression concentrée, et observe le bol sous tous les angles. Tss. Sérieusem--

"... A- Annyeong, Darling ~ T'as bien dormi ?"

Un cri de surprise échappe sa bouche pendant qu'il fait un bond d'au moins un mètre. Il recule sa chaise en se poussant de la table avec ses pieds, sorte de réflexe, apparemment, et se retrouve au beau milieu de la pièce, assis, les joues brûlantes de honte, parce qu'il vient quand même de se faire surprendre en train de vérifier si ce bol parlait. Il jette un regard anxieux vers Joshua, qui est debout, vêtu des mêmes fringues que la veille. Ses yeux sont encore ensommeillés et donnent juste envie au petit brun de courir dans ses bras, de le serrer fort et de ne jamais le laisser partir. En attendant, il est toujours assis sur sa chaise et il le regarde juste s'asseoir magnifiquement à table et commencer à manger. Magnifique. Il est magnifique. Même là, tantôt, quand il dormait, avec le léger filet de bave qui dégoulinait le long de sa mâchoire, le pauvre petit coeur de Yoo Nam avait eu beaucoup de mal à garder un rythme normal. Il reste silencieux, et remet sa chaise convenablement. Il murmure un léger "Pas assez dormi, mais ça va... J'ai vécu pire..." pour vaguement répondre à sa question. Il se dit que Joshua ne l'a sûrement pas entendu mais tant pis, après tout, il s'en fout, il n'est que son meilleur ami et il doit absolument arrêter de penser à ça. Ca l'obsède. Il fixe le bol. Le fameux bol.

"T- Tu vas travailler tôt aujourd'hui..." Ses yeux se lèvent vers son colocataire. Le bol perd soudain tout son intérêt. Joshua vient de.. de lui dire qu'il allait lui manquer ? Un peu ? Non ? C'est comme ça que n'importe qui l'aurait compris, n'est-ce pas ? Ce n'est pas juste lui qui est bizarre ? Pas vrai ? Yoo Nam ouvre la bouche, les lèvres tremblantes et sèches, cherchant quelque chose à dire. Il veut répondre mais aucun son ne parvient à sortir de son corps de nain complètement inutile. Il sent la vie quitter définitivement son être quand Joshua se lève d'une façon terriblement mignonne et se penche vers lui. Leurs visages sont tellement près qu'il peut presque sentir sa respiration au dessus de lui. Enfin, près.. En réalité, ils ne sont pas si proches que ça. La distance qui les sépare est complètement normale. Sauf que, pour Ahn Yoo Nam, le fait d'être plongé dans les grands yeux tellement adorables de son colocataire, additionné avec le fait que les mains de celui-ci touchent partiellement son cou, additionné avec le fait que son coeur bat la chamade et risque de s'échapper de sa poitrine s'il ne se calme pas un petit peu.. Tout ça fait rentrer dans son esprit un tas de pensées complètement folles et irréalisables et tellement perverses que le rouge sur ses joues ne fait que s'accentuer encore un peu plus. La voix de Joshua résonne comme une chanson dans ses oreilles et le fait déglutir. "... Yah, quand est-ce que tu vas apprendre à bien mettre ce -- ..."

Et hop. Une main dans les cheveux. Yoo Nam ne sait même pas pourquoi ni comment ça se fait, mais soudainement, il n'en peut plus. Son cerveau stupide et rationnel lui ordonne de rester calme et de se contrôler, tandis que son petit coeur d'amoureux transi lui dicte tout à fait le contraire. L'infirmier aimerait vraiment suivre les conseils du cerveau, au moins une fois. Au moins, le cerveau réfléchit aux conséquences de ses actes, et -- et le corps semble ne vouloir qu'obéir à l'organe logé dans la poitrine, aujourd'hui. Yoo Nam a des pulsions. Ouais, un truc comme ça. Son regard noisette se pose sur les lèvres roses et brillantes, situées un peu au dessus de lui. Elles ont l'air d'attirer celles du petit brun comme des aimants. Il n'a plus le contrôle de son corps. Plus rien ne lui appartient. Ses yeux commencent à se fermer tous seuls, pendant que son cou s'allonge lentement et qu'il sent le souffle de ce gros moche de Joshua qu'il déteste de toute son âme et il veut s'arrêter, mais d'un autre côté, il est si proche de satisfaire ce désir qui l'habite depuis des mois, des années, des siècles. Si proche...

... ou pas. Ses yeux forment deux énormes ronds lorsqu'il réalise deux choses. Première chose : la connerie qu'il a failli commettre. Genre, embrasser son meilleur ami, mais n'importe quoi. Qu'est-ce qu'il aurait fait après, s'il avait continué, hein ? Oh, rien de très important. Il aurait couru vers le plus haut immeuble de Séoul et se serait laisser tomber de son sommet, ne regrettant pas son geste parce que de toute façon, sa vie aurait été fichue. Deuxième chose : Joshua vient de tomber sur lui et bien que ça devrait l'inquiéter, il ne peut pas s'empêcher de les imaginer dans la même position, mais sans vêtements. Et ça le fait rougir encore plus parce qu'il ne devrait pas avoir ce genre de pensées. Ce n'est que depuis que cet imbécile géant est apparu dans sa vie qu'il s'imagine des choses comme ça. Il reste donc pétrifié, pendant que Joshua s'agrippe à lui d'un air tellement pitoyable que Yoo Nam sent tout son intérieur se briser. "Je suis désolé... Je ne me sens pas bien..." SANS BLAGUE. L'infirmier balbutie quelques syllabes incompréhensibles, clignant des yeux à plusieurs reprises, ne sachant pas du tout quoi faire, avant de se reprendre.

Il faut qu'il l'aide. Yoo Nam est vingt fois plus petit et moins musclé que Joshua mais là, il s'en fout. Il se lève difficilement de la chaise, le poids de son colocataire reposant sur lui et l'empêchant presque de bouger, et se retourne lentement, de façon à ce que le gros tas puisse se reposer sur son dos, derrière lui. Derrière lui. Oh. Mon. Dieu. Il secoue sa tête avec un air de reproche et se dirige vers la chambre du plus grand. Il le pose doucement dans le lit - enfin, le plus doucement possible. Il n'a jamais été quelqu'un de très adroit et sa maladresse l'emporte souvent contre sa bonne volonté. Mais il fait de son mieux. Il pousse un soupir en regardant l'homme qu'il aime, couché, si faible et pourtant toujours aussi parfait. Yoo Nam sourit. Il pourrait le regarder comme ça pendant des heures, des années même ; sauf que Joshua est toujours réveillé et que-- well. Ce serait bizarre. Le brunet baisse les yeux et marmonne un bref petit "je vais te faire un chocolat chaud" avant de disparaître dans la cuisine.

Il met la tasse de chocolat froid dans le micro-ondes, et patiente. Il se mord l'intérieur de la joue et observe d'un air distrait le reste de la cuisine. Son regard se pose sur la chaise, sur laquelle il avait les fesses posées quelques minutes auparavant. Le frigo. Le-- le BOL. Il ouvre la bouche, réalisant ce qu'il est en train de lui arriver. Le bol l'avait prévenu. Oh. 'Mange moi ou je ferai du mal à la personne que tu aimes le plus au monde.' NOOOOOOOOOOOON. C'est pour ça que Joshua n'est pas bien. Yoo Nam sent une vague de remords l'envahir. C'est entièrement sa faute. Il aurait dû manger. Il se jette sur le bol, et engloutit tout. Tout. Jusqu'à la dernière goutte de lait, jusqu'à la dernière des céréales. Quand il repose le bol, ses yeux sont embués de larmes et il ne sait même pas pourquoi. Peut-être se sent-il stupide. Il est complètement idiot de penser à des choses comme ça, et de ressentir ce genre de trucs envers quelqu'un pour qui il ne sera jamais rien de plus qu'un meilleur ami. Le micro-ondes bipe. C'est bon. Le chocolat est prêt. Ahn Yoo Nam frotte ses yeux un peu trop humides à son goût, va chercher la tasse et se redirige vers la pièce où son colocataire se trouve. Il s'arrête sur le pas de la porte, et l'observe, juste pendant quelques secondes. Durant ce laps de temps, il s'autorise à laisser ses sentiments s'emparer de son coeur. Juste pendant ce laps de temps. Il s'autorise à accepter le fourmillement dans son ventre, l'accélération de sa respiration, la sensation de chaleur qui envahit tout son corps, du bout de ses orteils à la pointe de ses cheveux.

Le laps de temps est terminé. Il sourit, s'avance dans la chambre et dépose la tasse brûlante sur la table de nuit, avant de s'asseoir sur le lit et de regarder Joshua. "Je... Je suis pas obligé d'aller travailler, aujourd'hui. Si... Si tu veux que je reste... Ca va." Il a presque encore envie de l'embrasser, tellement il a l'air vulnérable et passif. Il porte une main à son front, puis à celui du grand jeune homme. Il tressaillit un peu. Son visage est brûlant, presque autant que la tasse de chocolat chaud. Qu'a-t-il bien pu faire pour attraper ce truc ? Il se mord la lèvre. Il est sorti, hier, n'est-ce pas ? Peut-être qu'il a embrassé une fille qui lui plaisait, mais qui avait de la fièvre, et donc il l'a attrapée aussi, et-- what. Non, il repart à nouveau dans son petit délire. Probablement qu'il ne s'est juste pas assez couvert. Quel imbécile. Adorable. "Tu es vraiment fiévreux. Tu as attrapé froid ? Tu as besoin de quelque chose en particulier ?" Il est sûr et certain que, dans ses yeux, on peut voir tout l'amour qu'il porte pour cet espèce d'énergumène trisomique et hyperactif, mais il s'en fiche royalement. La seule chose qui le préoccupe en ce moment est.. est-ce qu'il va bien ?

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